Cahier de Style n°7

Le Qu’est-ce qu’on met de la Semaine ?

Des fringues qu’on aime bien, on en a plein nos placards… sauf que comme pour les opinions, c’est souvent le dernier qui a parlé qui a raison. On a donc toutes tendance à porter ce qui est arrivé en dernier dans notre dressing et à oublier le reste. Résultat, on tourne vite en rond et la frénésie d’achat guette. D’où l’idée de ces 7 looks par semaine mais je ne connais pas votre dressing, c’est donc vous qui allez devoir bosser un peu. Chaque semaine, extirpez de vos armoires un manteau, une paire de chaussures, une robe, un pantalon, une veste, que sais-je, que vous aimez beaucoup, mettez-les de côté et chaque jour mettez un point d’honneur à associer cette pièce avec soit un des looks de la semaine, soit avec vos habits neufs ou anciens. C’est une bonne façon d’optimiser votre dressing, d’arrêter de culpabiliser parce que les fringues s’entassent mais que vous pensez n’avoir rien à vous mettre. Le stylisme c’est comme la cuisine, il suffit d’un point de départ et tout s’enclenche. C’est parti pour les looks de la semaine

Le lundi, c’est la jupe midi cargo. Oui le style cargo se décline sur tout et nawak depuis le printemps – un style entre le vêtement de travail et la sape militaire, en gros une fringue avec de grosses poches pour y foutre ta boîte à outil et pis c’est tout – mais là c’est très réussi et féminin, j’imagine une jupe Burberry – on y glisse un pull douillet à l’intérieur, on ajoute un petit pardessus et on ressort les boots chaussettes d’il y quelques saisons.

Chaque semaine nous apporte son lot de tayloring dans une version différente. Ce mardi ce sera le costard mais à carreaux – ici un “Salut Beauté” – je le trouve extra mais j’ai déjà le mien. Si le total look so british vous effraie, un pantalon suffira. On troque le haut en résille contre une petite maille côtelée, les shoes méga pointues contre une paire de boots à bouts carrés ou des tiags.

Décidément, le petit pardessus à carreaux est partout (et surtout dans les boutiques vintage – au rayon homme). Sa longueur est midi (sous le genou) et il a un petit col chemise. Rétro quoi. Pour les matins frisquets et pour le féminiser il suffira de lui adjoindre une écharpe en (fausse) fourrure. Je suis sûre que vous avez ça au fond de votre armoire. N’importe quel pantalon 7/8 fera l’affaire, porté avec des mocassins ou des boots à grosses semelles.

Le jeudi, on sort le cuir ou simili (le faux cuir est aujourd’hui tout à fait convenable) mais dans une couleur chaude. On attrape un sweat et sa vieille veste militaire et on enfile par dessus un manteau à l’esprit ethnique – genre le manteau burnou berbère à grosses rayures, voyez le genre. Isabel Marant en fait chaque année dans cet esprit ou un poncho si vous avez ou encore comme ici une gigantesque étole en guise de manteau – des boots et voilà.

Le vendredi, c’est friday wear, alors on opte pour un total look en jean, qu’on a déjà vu ici dans le spécial jean. Faites comme vous voulez, une combi, un jean droit + une chemise ou une veste en jean, une ceinture pour accessoiriser, des boots en daim sable (celles qui n’ont plus d’âge), un trench ou un manteau long et un joli sac qui viendra féminiser le look.

Samedi la slip skirt est de sortie – elle a déjà quelques saisons au compteur alors c’est possible que vous en aillez une – avec des collants chauds en dessous ça passe, un bon gros pull et des chelsea boots à grosses semelles, qu’on remplacera par des bottes à talons pour le soir ou pas – on rajoute un manteau enveloppant par dessus pour passer des courses au dîner chez les potes.

Le dimanche c’est toujours à la cool. Un jean mum, les boots du vendredi, un pull norvégien pour changer. Par dessus, une veste paletot, un caban, un bomber, une veste en tweed, c’est comme vous voulez.

Conseil Shopping

Vous remarquerez que la majorité des pièces reviennent régulièrement, que la plupart sont interchangeables, dans l’esprit d’un dressing raisonné et raisonnable.

Le Focus de la Semaine

Les Sacs

Les sacs c’est tout une histoire. Après quelques décennies d’un règne sans partage des grandes maisons une ère nouvelle semble se dessiner. Tout d’abord en raison de la flambée des prix de ses dernières années, qui sont devenus totalement indécents, dû à un positionnement marketing qui force à la surenchère. Les mecs se sont dit “plus c’est cher plus c’est désirable”. Mais à toute inflation son système D. Tout un tas de petites marques dont la fabrication Européenne lorsqu’elle n’est pas française, écoresponsable et de bonne facture, est en train d’émerger. Personnellement, j’ai été sensible aux sirènes du it-bag pendant longtemps mais je suis en train de mettre à jour mon logiciel. Je ne dis pas plus jamais, je me connais mais je m’éduque ! ah ah

Commençons donc par le commencement, celui du monde d’avant ? Depuis une trentaines d’années c’est la valse des it-bags. À l’époque les grandes maisons étaient poussiéreuses. Leur clientèle était vieillissante, les couturiers ne s’appelaient pas encore designers ni directeurs artistiques. Le luxe était réservé à la bourgeoisie, point. Tout à commencé par le rachat, que dis-je l’OPA hostile de Bernard Arnault sur Vuitton en 1987 dont les produits ce sont ensuite vendus comme des petits pains, mais on restait sur des collections permanentes. Puis les italiens sont rentrés en scène. C’est Prada qui dès la fin des années 80 avec ses petits sacs nylon que toutes les nanas de la mode arboraient a fait entrer le loup dans la bergerie et surtout c’est la nomination de Tom Ford chez Gucci, 1er spécimen de l’ère des D.A, qui a tout changé. Dès lors il fallait allait débusquer une clientèle middle class susceptible de claquer un bras dans un produit qui faisait rêver (et pas seulement un doigt dans un RAL ou un parfum). Alors quoi de mieux qu’un sac. L’ère des it-bags a commencé. Cher mais pas inatteignable. Pour ce faire chaque grande maison a eu droit à son Directeur Artistique jeune et branché à la vision globale (qui allait valser tous les 4 ans en moyenne). Bernard Arnault et François Pinault se sont livrés à une guerre des tranchées et ont ramassé le pactole. Ressuscités d’entre les morts, Dior, St Laurent, Chloé, Fendi, Balenciaga, Céline… Entre temps, le monde a changé, des régimes politiques peu scrupuleux ont permis l’émergence de nouveaux riches (Asie, Russie, moyen orient, Amérique du sud) et le luxe s’est fait de plus en plus élitiste. Retour à la case départ. Bye bye la middle class.

Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître… Du coup comme c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes et que les succès d’hier sont aussi ceux d’aujourd’hui, les grandes maisons rééditent à tour de bras leur best seller. On ne change pas une équipe qui gagne. 4 ou 5 fois plus cher évidement.

Redescendons d’un cran niveau budget et ostentation… et parlons tendance. Si le sac porté sous le bras a la préférence de la génération Z, il faut de tout pour faire un monde. Le sac bandoulière reste actuel mais la bandoulière se fait plus courte et large, dans l’esprit du sac banane qu’on voit un peu moins du coup. Les carrés et rectangulaires restent malgré tout la norme.

A côté de ça, tout un tas de volumes étranges apparaissent et ça c’est vraiment nouveau et ça m’enchante personnellement. Ce sont les petites marques émergentes qui ont le plus d’imagination.

Les mignardises ont aussi la cote mais alors franchement visuellement je trouve ça ridicule, mais ce n’est que mon avis. Quand au porte téléphone il peut avoir une utilité quand tu bosses dans un bureau mais perso je n’ai utilisé le mien qu’un nombre de fois qui se compte sur les doigts parce que je ne savais pas où fourrer mes clés, mes lunettes…

J’adore les pochettes, je trouve ça très raffiné mais je n’en ai pas… parce que je n’ai pas la vie qui va avec. Ça m’est déjà arrivé de prendre une petite pochette en cuir pour aller dîner au resto ou chez des amis mais Martinie n’aime pas ça. Un verre dans une main, un clope dans l’autre, la pochette traîne sur la banquette du bar et tu te la fais piquer. Et puis c’est Bibiou ma pochette et ça c’est la classe !

Les petits sacs arriveraient-ils à la fin d’un cycle ? C’est le mouvement naturel de la mode ça hein. En tout cas je sens bien le truc frémir. Certes c’est pratique pour mettre tout un tas de bazar quand tu vas bosser, que tu as un RV pro ou quand tu pars en déplacement, vacances mais pour toutes les autres occasions c’est un peu comme les escarpins, je ne vois pas pourquoi je m’infligerai ça.

Parce que tout le monde n’a pas envie d’avoir son PEL à son bras et que le choix ne se résume plus entre chic et avenue Montaigne ou cheap et marché… une petite sélection non exhaustive de marques chouettes.

Terminons par la battle de sacs Statment aux bras de toutes influenceuses qui se respectent. Alors là c’est une analyse sociologique qu’il faudrait faire. Parce qu’on n’est même plus dans le sac de luxe, on est vraiment dans un attribut social, leur prix dépassant tout entendement. Ils n’ont plus d’âge, peuvent paraître à bien des égards mémères, ne sont pas pratiques (trop lourd pour le birkin d’Hermès, trop petit pour le Chanel) et pourtant ils semblent être l’aboutissement d’une vie pour certaines. Les petites bourges pensent pouvoir faire l’économie d’une personnalité en se les attribuant, les modeuses les portent en étendard comme si il s’agissait d’un sponsor qui aurait validé leur statut d’icône. Ce phénomène est devenu grotesque.

La Couleur de la Semaine

Cette semaine ce sont les associations de couleurs qui sont à l’honneur. Une association de couleurs bien pensée et le look s’envole dans la stratosphère du raffinement et ce même si les pièces prises individuellement sont basics – je radote non ? C’est parce que j’y crois très fort. Mais il faut que ça reste lisible selon moi après on rentre dans un autre délire qu’on nomme mix&match (faire cohabiter différents imprimés ensemble).

Le Quoi de 9 de la Semaine ?

Ce sont plus des scoops que des “quoi de 9” cette semaine. Bon apparemment Alessandro Michele va être débarqué de chez Gucci. Qu’est ce que je disais un peu plus haut ? Les ingrats… Après avoir fait les beaux jours du groupe Kering en atteignant des records de ventes (près de 10 milliards en 2021 – + de la moitié du chiffre d’affaires du groupe) et suite à une petite baisse d’activité en 2022, les actionnaires estiment qu’il ne se renouvelle pas assez. Est-ce que Chanel se renouvelle ? Non. L’identité d’une maison c’est de la nouveauté dans la continuité sinon ça s’appelle de la schizophrénie. Mais nous sommes dans une société de zapping donc rien d’étonnant. Il avait pourtant bien capté l’ADN de la maison Italienne…

Quand à Roseanna, la boite est en redressement judiciaire. Donc, soit il y a de nouveaux investisseurs, soit elle est reprise ou bien elle disparaît. Je le tiens d’un responsable qui a changé de crémerie où je l’ai croisé et qui m’a fait ces confidences. C’était une marque que j’ai bien aimée selon les saisons, assez inégale dans sa qualité mais dont le style a marqué une décennie par sa coolness.

La Question de la Semaine

Je peux les collants de couleur ?

Avec eux pas de demi mesure, c’est branché ou c’est ringard. Donc oui si le look est ultra étudié et qu’ils sont bien opaques et non si c’est mitigé, pas vraiment franc du collier.

Le Coup de cœur de la Semaine

Le WTF de la Semaine

Là on n’est plus dans le statement, on est dans la déclaration de son ISF.

Allez hop l’affaire est dans le sac, c’est terminé pour cette semaine ! Bon week-end à toutes.