Cahier de Style n°17

Enfin, ce mois de janvier qui n’en finissait pas est terminé. Les soldes d’hiver touchent à leur fin, les collections d’été vont commencer à arriver en rayon et avec elles la naissance d’une nouvelle wishlist. Mais, en attendant, nous allons errer dans une espèce de no man’s land, comme chaque année à cette période, en attendant l’arrivée des beaux jours dont la variabilité nous étonnera toujours. Le printemps peut se pointer dès février comme il peut passer son tour donc inutile d’investir dans des trucs que l’on ne portera jamais. Restons focus sur le moment présent. En plus, il parait qu’une vague de froid est prévue pour la semaine prochaine…

Le Qu’est-ce qu’on met de la Semaine ?

Démarrons la semaine studieusement avec un costard classique, de celui que l’on peut typiquement trouver au rayon homme d’une boutique vintage, assorti d’une chemise classique elle aussi et d’un col roulé fin en dessous pour la touche hiver 2023. On enfile un grand manteau par dessus et on chausse, des tennis, des pompes masculines ou des boots pointues.

Mardi, un pull camionneur sous une veste ceinturée avec notre vieux slim mais noir ou gris, plus smart pour le taf – parce que la veste ceinturée ne fonctionne pas vraiment avec autre chose, j’ai essayé avec un pantalon de costard et sur moi c’était bof. On troque les escarpins, pas encore de saison contre une paire de boots galbant la cheville et on enfile un truc par dessus, veste / caban oversize ou manteau, comme d’hab quoi. L’intérêt des vêtements d’extérieurs oversize, c’est justement de pouvoir varier les plaisirs de la tenue du dessous, en portant des vestes en guise de pull par exemple.

Le mercredi, le fameux pantalon large de la saison, associé à un pull dans les mêmes tons et un manteau qui tranche. La pochette est en option – tellement jolie mais tellement pas pratique – on la remplace par un sac dans les tons de la tenue du dessous. Les chaussures ? Où ça des chaussures ? ah ah – le bas du pantalon recouvre la chaussure sans traîner par terre comme ici évidemment. Pour autant, réservez ces futes uniquement pour les jours sans averses.

Le jeudi, un ensemble en maille comme ici (Sézane) ou une robe avec des bottes cool – type cavalières ou à petit talon – pas un truc qui emmène ce look dans une tenue sexy quoi – Par dessus, absolument tout ce que vous voulez, un gros blouson, un caban, un manteau, une veste en peau lainée, une doudoune ceinturée…..

Vendredi, c’est c’est c’est, le jour du jean. Fitté légèrement 7/8 mais pas skinny, bon ça c’est sûr que vous en avez un. On remplace le teesh par un pull simple en cashmere ou shetland, on sort le sherling ou la fourrure vintage et arbore des boots qui claquent, c’est tout.

Samedi, on ressort la petite jupe plissée qu’on acoquine avec des tiags ou des bikers et une chemise oversize (avec une petite maille en dessous histoire de pas se geler) – ici en jean mais elle peut être, à carreaux, en velours, en laine bouillie, celle de votre homme + votre manteau évidemment –

On termine la semaine par ce petit camaïeu de blanc d’hiver et c’est en cela qu’il est intéressant, très comfy tout à fait adapté à la ballade dominicale quelle qu’elle soit.

Le Focus de la Semaine

10 Filles 10 Styles

Cette semaine j’innove un focus un peu particulier. Je pense avoir fait le tour des tendances de la saison et je trouve qu’il est encore trop tôt pour amorcer celles du Printemps/été alors je vous propose d’étudier la signature style de 10 personnalités. J’ai délibérément choisi ces femmes pour leur expression stylistique bien marquée. Des filles stylées il y en a plein, elles évoluent généralement au grés des tendances. Ces 10 filles là sont identifiables entre mille, leur style s’articule autour d’un ADN qui ne change pas ou très peu. Lorsqu’on aime les fringues, la mode, on a tendance à se laisser distraire, à s’éparpiller. Ne dit-on pas, choisir c’est renoncer ? Se fixer un fil conducteur et le tenir, ne serait-ce pas la meilleure solution pour affirmer son identité ? Et surtout se constituer une garde robe pérenne ? Ce qui me saute aux yeux concernant cette sélection ce sont les points communs que l’on retrouve d’une femme à l’autre. La signature de leur style est souvent marquée par une allure assez épurée, simple, les pièces sont classiques (rien d’hyper fashion), beaucoup de noir ou en tout cas de l’uni, très souvent aussi on retrouve un twist rétro, surtout seventies. L’intérêt de définir un cadre vestimentaire aussi tranché c’est aussi l’assurance de ne plus se prendre la tête, d’être imperméable aux sirènes des nouveautés sans cesse renouvelées.

Carine Roitfeld, notre Anna Wintour Hexagonale, c’est elle qui initiera le mouvement Porno chic au début des années 90 avec Mario Testino en créant l’image de la nouvelle femme Gucci alors que Tom Ford accède à sa direction artistique C’est à cette époque aussi que son style se forgera sur ce thème. Une amazone nouvelle génération, conquérante, sexy et un peu venimeuse. Sa marque de fabrique ? Ne jamais porter de sac alors qu’en cette décennie 90 nous sommes en plein règne du it bag. Une façon de se placer au dessus de la mêlée. La plupart du temps en all black, un soupçon de SM, smocky-eyes et cheveux dans les yeux, solaires futuristes, son look n’a pas changé depuis 30 ans.

Autre styliste, amie ou ennemie ou plutôt amie puis ennemie, Emmanuelle a depuis toujours cultivé son côté rock-folk – Silhouette élancée (elle a été un petit temps, mannequin), jambes fines, elles quittent rarement ses slims qui sont aujourd’hui un peu moins fittés qu’avant. Boots à talons, veste de tailleur (en bonne fan de Michael Jackson, elle a porté avec adoration les collections de Decarmin chez Balmain qui rendait hommage au king of pop). Son truc à elle, ceinturer à peu près toutes ses vestes, manteaux, kimonos, sherling. Beaucoup de Isabel Marant, normal c’est elle qui est à l’origine du succès de la marque. A l’époque Isabel faisait plus dans l’ethnique, Emmanuelle a apporté l’influence rock sexyness lorsqu’elle est devenue sa conseillère artistique, qui est depuis la marque de fabrique d’IM. Assurément le style le plus répandu chez les parisiennes qui n’en font jamais trop mais ont toujours une pièce iconique d’une marque quelconque.

Victoria revient de loin niveau style – remember Posh ? Mais elle a fini par gagner ses lettres de noblesse dans les 2 sens du terme. Très très Américaine, pour une Anglaise, toujours tirée à 4 épingles, y compris pour la partie visagale ah ah, le tayloring est à la base de son allure. Les talons de 12 sont, pour moi de trop mais il faut bien avouer qu’elle a toujours belle allure et que son dressing s’adapte à sa vie VIP.

Ah Kate ! Kate a fait fantasmer toute une génération, peut-être même deux, de filles qui voulaient en tout point lui ressembler. Kate l’irrévérencieuse. Kate la rock star. Kate c’est l’époque de la résurrection du rock, elle en était l’icône, la petite fiancée. Kate c’est Woodstock en 99 mais pas raté. Kate c’est comme Hedi Slimane qui rebat les cartes et bouleverse le paysage fashion de la rue. Le style de Kate c’est celui que toutes portaient dans les années 2000, pourtant il est inimitable, parce qu’elle le vit à 100%, elle reste fidèle à ce qu’elle est profondément.

Bon là, ce n’est pas une mais deux filles, les sœurs Olsen ont un parcours des plus atypiques. Un peu comme celui de Beckham finalement. Vedettes d’une série à 5 ans, millionnaires à 12 grâce à tout un tas de produits dérivés, à l’origine d’une marque de fringue immonde comme on en voit par millier aux States. À 20, c’est un virage à 180° qu’elles opèrent en lançant The Row, griffe minimalisme archi luxueuse intello cérébrale, pour éditrices Germanopratines. Le pendant 2.2 d’un Yohji dans les 80’s. Le corps c’est vulgaire, la matière grise c’est “in”. ah ah je moque, mais c’est très beau. Je ne suis pas sûre que c’est ce qui leur sied le mieux avec leur mètre 02 mais qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse.

Charlotte… alors là on ne s’attaque pas à une personne, mais à une dynastie quasi aristocratique. Dans la famille je demande la fille… Gainsbourg / Birkin c’est institutionnel, t’es obligé d’aimer… en même temps en vrai, il n’y a pas tellement d’aspérités. La meuf est discrète, ses fringues le sont tout autant. Est-ce qu’on s’extasierait sur son style sans son pedigree ? Je n’en sais rien, je ne suis ni pro ni anti. D’autant qu’elle est avec mon cousin (je déconne) – Bon bah son style reste toujours le même, jean, tee-shirt. Aujourd’hui fidèle à Vaccarello chez Saint-Laurent, hier à Nicolas Ghesquière chez Balenciaga, ses vestes et manteaux couture font la différence au quotidien et ses longues jambes sont son atout pour le soir. Peu importe le look, elle a la classe.

Vanessa Seward le charme discret de la bourgeoisie. Elle parait sortir tout droit d’un film de Chabrol. Ses tenues nous embarquent dans des histoires un peu surannées du milieu des années 70 ou les femmes fument des cigarettes avec des porte-cigarettes, sortent des bouteilles de whisky d’un mini bar à roulette et trompent leur mari avec leur meilleur copain, c’est le look classicul par excellence.

Ancienne Directrice artistique de JCrew – marque américaine qui n’a pas vraiment percé ici, il faut dire que ça ne cassait pas 3 pattes à un canard. La personnalité de Jenna Lyons est très forte. C’est un peu la Carrie Bradshaw de la vraie vie. Son truc, mixer des pièces du soir avec de simples basics, du street et des talons, des pièces au tempérament opposé. J’adore.

Si on sent bien la filiation entre mère et fille, Lou Doillon a su tout de même s’affranchir de l’apparente simplicité de Jane. Seventies, ça c’est sûr, mais dans un style folk plus excentrique, lorgnant du côté des icônes musicales de l’époque.

Longtemps comparée à notre Brigitte Bardot nationale, Jeanne Damas en a profité pour surfer à fond sur cette image en créant sa marque Rouje dont l’esprit ex fan des sixties petite baby doll… affole la jeune génération. C’est ce mood très rétro qu’elle distille dans tous ses looks sans jamais oublier son RAL Rouge, qui dans l’inconscient collectif et à jamais associé à la parisienne. L’avantage d’adopter au sens littéral le style d’une époque, c’est que c’est fixé pour toujours, on ne revisite pas, ce qui fut restera, à jamais.

Les Associations de couleurs de la Semaine

Si le temps n’est pas encore venu de switcher sa garde robe hiver / été, il suffit de quelques associations de couleurs bien senties pour apporter une petite lueur printanière dans ce long tunnel hivernal. Le kaki et le caramel se prêtent tout particulièrement à cet exercice en matchant avec tout un tas de teintes joyeuses. Le violet réveille les couleurs de l’hiver, comme le gris et le marron. L’orange vitamine tout ce qu’il touche quand au gris/bleu glacier, il est la parfaite transition entre deux saisons.

Le Quoi de 9 de la Semaine

Le Cuir vieilli

Prada l’a relancé l’année dernière, aujourd’hui il est partout. Tendance décroissance, le bon look se doit de ne pas être trop clean sous peine de s’attirer les foudres de la bien-pensance. Alors quoi de mieux qu’un cuir qui semble patiné par le temps ? Ce qui est bien c’est qu’on peut le shopper vintage, si on trouve sa taille. C’est la pièce idéale d’entrée de saison qui rendra moins mièvre n’importe quelle robe printanière.

Le Coup de Coeur de la Semaine

Le Don’t de la Semaine

Houlalalalala quelle catastrophe. Que s’est-il passé Juliette ? Rien ne va ! Le maquillage assorti au sous-pull, le teint blafard que ce gris souris ne fait qu’accentuer. Cet ensemble tout mou satiné qui ne met pas en valeur ta silhouette. Le satin, jamais en total look sauf si c’est une slipping-dress. Et les chaussures ? On en parle des chaussures ? Non vaut mieux pas. Allez va te recoucher ça ira mieux demain.

Voilà, j’espère que vous avez apprécié ce contenu inhabituel. Dites-moi ? Bon week-end et vivement le printemps !