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Parigot tête de veau !

Nous les Parisiens, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne nous aime pas beaucoup. On nous prête à peu près tous les maux mais en premier lieu celui d’être arrogant. Pourquoi le simple fait d’être Parisien nous rendrait-il arrogant ? Nous nous considérerions au-dessus de la mêlée par le simple fait de vivre dans la Capitale ? Ouais un peu léger comme analyse.

Notons que la majorité des Parisiens ne le sont pas. Ils viennent des 4 coins du pays. Certains autres sont certes nés ici mais sont issus de familles qui viennent d’ailleurs. Il n’y a pas plus cosmopolite que Paris.

Je pense que cela vient de plus loin, lorsque la France était encore un pays très rural, que les enfants désertaient les campagnes pour monter à la Capitale pour y trouver du travail. J’imagine que les familles vivaient cet état de fait comme un rejet de leur labeur et de leur valeur. Paris, ville de tous les dévoiements, de tous les excès, de tous les vices. Y’a qu’à lire Bel Ami. On montait à la Capitale pour « réussir » et l’ambition ne fait pas partie des valeurs chrétiennes, c’est comme ça.

En réalité, Paris n’a jamais été l’Eldorado fantasmé. La vie y est plus chère qu’ailleurs, la concurrence plus rude, l’entre-soi plus flagrant. Mais je sais, pour avoir des proches qui ont migré dans la capitale, que leur famille ne les perçoive plus de la même façon, y’a comme un parfum de traîtrise dans l’air. Les « toi, la parisienne tu ne peux pas/plus comprendre ». Alors même que celle qui s’exile dans une autre ville de France n’aura pas droit aux mêmes réflexions.

Conjointement à ça, le reste de la France s’accorde pour nous exprimer le sentiment de répulsion que lui inspire Paris. Nous parlions de ça avec une amie – qui va se reconnaître évidemment – le nombre de fois où les gens nous plaignent de notre condition de « Parisienne », des oh des ah, c’est horrible – la pollution (certes ainsi que les autres grandes villes et nous ne sommes pas toujours sur la plus haute marche du podium), l’insécurité (aussi mais ni plus ni moins que dans les autres villes – non Paris n’est pas une no go zone), la saleté (avant Hidalgo tout était nickel après elle j’espère que ça le redeviendra), trop de bruit (bah oui comme dans toutes les villes), trop de monde (pas partout, dans le métro aux heures de pointes c’est sûr), j’en passe et des clopinettes. C’est quand même d’une indélicatesse de dire des trucs comme ça. Comme si, nous en arrivant dans une autre ville, on balançait « mais c’est immonde ici, qu’est-ce que vous devez vous faire chier, c’est pas possible, et puis tous ces gens ont l’air très très cons », je caricature mais c’est un peu ça. Plus poliment, on entend « moi je pourrais pas hein » bah on t’a pas demandé de pouvoir, c’est moi qui y vis, pas toi donc tout va bien se passer. C’est du même acabit que de dire à ta copine « mais c’est quoi cette robe, elle est dégueulasse » alors qu’elle ne t’a pas demandé ce que tu en pensais. Je sais bien que les gens ne pensent pas à mal en balançant ce genre de trucs mais quand même. On dirait que Paris est une grosse pute qu’on peut traîner dans la boue à sa guise. 

Je n’en fais pas l’apologie non plus, je connais ses défauts, elle me gonfle aussi très souvent, il y a des périodes où je ne peux plus la voir en peinture. Mais c’est un peu comme la famille, je peux critiquer mais pas les autres. C’est ma ville et je l’aime malgré tout et clairement je ne sais pas si je pourrais vivre ailleurs tout simplement.

J’imagine que vous avez toutes le même sentiment quel que soit l’endroit où vous vivez, non ? La France est un beau pays et la division est une connerie.

La parigot tête de veau, vous embrasse ! ah ah

2 réflexions au sujet de “Parigot tête de veau !”

  1. Ah ben oui je vois très très bien le sujet !! Et oui jamais on accepterait que je critique la vie en province avec la même virulence que je subis la critique envers paris. née en province je vis à paris depuis plus de 20 ans par choix et suis avec un parisien pur jus. Comme toi je l’adore même si parfois paris m’agace. Et ce qui est en revanche permanent c’est que quand je reviens d’ailleurs je suis toujours mais toujours frappée par la beauté de paris et son énergie. Sur ce sentiment anti paris je te rejoins je crois que ça puise profondément dans le sentiment de quitter (abandonner ?)son milieu d’origine avec l’impression de trahir d’où l’on vient, et qui transpire de la littérature du XIXeme ou paris était en plus associee a une vie plus libertaire donc loin des valeurs traditionnelles et familiales bien ancrées dans les campagnes de l’époque. Débat très intéressant en tout cas qui va mériter un nouveau dej 😘😘

  2. Et c est complètement ça qui se joue en plus de la médiatisation excessive de s des violences urbaines. C est souvent de l empathie d ailleurs plus qu autre chose mais ce qui serait chouette c est de se sentir uni par un même patriotisme (ds le sens noble du terme).😄 à demain 😘

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