Papillon du soir

Plus le temps passe et plus je suis un papillon de nuit. Certes ce n’est pas celui aux couleurs vives qui virevolte frénétiquement de part et d’autre, à l’image de l’exaltation qui anime la jeunesse. Le papillon de nuit, lui, a perdu de sa superbe, ses couleurs sont passées et il semble indéfiniment pris dans les phares d’une voiture, ses ailes frétillent faiblement comme si il entamait la dernière danse, mais quand même.

J’aime le soir, j’aime l’atmosphère de la nuit et ce qui s’en dégage, y compris en ce moment même, lorsque, seule dans mon salon j’écris ce billet, travaille, regarde un film, lorsque je sais que la soirée va s’étendre encore et encore, deuxième partie avec une émission politique (C dans l’air, C ce soir), puis une série, un livre. Quand arrive minuit, je me dis « j’suis large ». Mais pas que…

J’aime sortir, j’aime mes dîners avec mes copines, les soirées chez des ami.e.s, les dîners qui n’en finissent pas, à parler de tout et de rien, les fiestas plus mouvementées, les soirs avec mon frère qui se finissent au petit matin, les heures qui s’égrènent à refaire le monde quand je passe quelques jours avec une copine, les fous rire de collégienne avec Rachou, les boums improvisées dans les cuisines, les fêtes ou les générations se mélangent (il est courant voir systématique d’avoir nos enfants et leurs potes à nos soirées et vice versa), les sorties concerts et after avec ma fille, les apéros qui s’éternisent, les salons dans les 2 sens du terme (le who’s next de dimanche) qui finissent en dance floor, les festoches, en gros tous les trucs bon enfant, pas malsain. Je ne suis pas bégueule.

On dit que le soir les masques tombent, ce n’est pas toujours vrai, cela dépend du genre de soirée. Il y en a un max où les gens sont en représentation. Lorsque ce n’est pas le cas, une forme de lâcher prise opère et c’est très agréable de discuter de manière très naturelle avec des inconnus ou de vagues connaissances pour le simple plaisir d’échanger sans plan sur la comète, pas d’enjeu, pas de lendemain, pas de calcul. Le plaisir simple de la conversation. On dit souvent que c’est très Américain ce genre d’interaction. Les mecs t’invitent à un BBQ, ils sont tes meilleurs potes le temps d’une soirée et après c’est à peine s’ils te disent bonjour lorsque tu les recroises. Je trouvais ça horrible à 20 ans. Aujourd’hui, je révise mon jugement, « et pourquoi pas ? ». Qu’y a-t-il de mal là-dedans, après tout ? La plupart de tes potes ne se couperaient pas un bras pour toi, de toute façon, et toi non plus d’ailleurs, là au moins c’est clair.

Bon et puis je ne vais pas pouvoir aborder ce sujet sans aborder son corollaire… Qui dit soirée dit soirée souvent arrosée. Ce n’est pas obligatoire mais vous connaissez Martinie. Alors oui, j’aime la légère ivresse de l’alcool qui détend les esprits les plus chagrins, mais je déteste la bouratchitude. La viande soûle n’est pas mon truc, rester digne en toute circonstance est mon credo. Je ne dis pas que ça marche à tous les coups, mais je n’ai jamais roulé sous la table, ni monté dessus d’ailleurs. En revanche je peux débiter pas mal de conneries ça c’est sûr. En tout cas je ne viens pas faire ici l’apologie de la déglingue mais celle du plaisir à tisser des liens gratuitement sans rien attendre de plus que de bons moments passés avec des autres qui ne sont pas nous, qui ne sont pas comme nous.

Exemple, ce soir je prenais l’apéro avec une copine et y a un gars avec qui j’avais vaguement échangé dans notre QG (bar de quartier) grâce à Bibiou et dont le copain fait un élevage de chats, il devait faire une petite ITW pour son école de journalisme. Je me suis prêtée au jeu et ensuite lui et son ami se sont posés à côté de nous pour boire leur bière. On a parlé journalisme (ma copine bosse à France 24), son ami était gardien de prison, il nous raconté des anecdotes. Un monde qui nous est totalement étranger, c’était intéressant.

C’est aussi pour cette raison que j’aime Insta, ce brassage des mondes, ces connexions virtuelles ou réelles qui en découlent parce que je pense que l’entre-soi ne fait que scléroser les esprits. Alors, évidemment, on peut très bien faire tout ça le jour, mais moi le jour, je suis majoritairement chez moi à bosser, ceci expliquant sûrement cela…

Bref, il est 23h15 je suis hyper large…

4 réflexions au sujet de “Papillon du soir”

  1. Oh je t’admire de durer le soir … moi c’est l’effet inverse. En vieillissant je tiens de moins en moins ou plutôt les lendemains sont de plus en plus durs du fait du manque de sommeil. Avant je tenais avec 4:00 par nuit mais aujourd’hui impossible d’etre en forme à moins de 6:00. Rythme de Mamie idéal : 23:30 au lit pour assurer le réveil systématique et depuis toujours à 6:00 pour les jours de boulot. On s’est même limite avec Xavier à 3 sorties max par semaine pour tenir physiquement au boulot. C’est là où je me dis que j’ai vieilli 😅😅😅

  2. Ici aussi ça ne tient plus le soir et je suis mitigée sur les soirées bon il faut dire que au travail j’entends la vie des gens leurs soucis leurs plaintes et cela me suffit car c’est rarement gai 🤷‍♀️

  3. Bon en même temps je ne me lève pas à 6h🙈 et 4h de sommeil ça me paraît léger quand même. 7h pour moi c est bien.

  4. C est justement ça qui est bien, le soir les gens lâchent, les récits sont moins lourds qu en journée, je trouve.

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