…Puis j’en ai eu ras le bol des caprices de ces nanas. J’étais déjà mariée (je me suis mariée à 20 ans) et mon Relou ne comprenait pas pourquoi je m’infligeais tout ce merdier. Faut dire que je l’ai parfois sollicité, comme ce jour où nous shootions la haute-couture et où je devais rendre les robes après le shooting (à 2h du matin) car d’autres magazines les attendaient pour le lendemain. Oui, la haute-couture se shoote dans un laps de temps très court et tous les magazines se battent pour avoir les robes donc les plannings sont serrés. Me voilà rue St Honoré pour retourner une robe Lacroix. Nous sommes à deux pas de l’Elysée, la rue était bouclée, je ne sais plus pour quelle raison, la sécurité me demande des explications, je le leur donne, elle me laisse passer, je loupe le numéro et me retrouve rue Royale. Merde… Je ne vais pas faire le tour et repasser devant les mecs ! Je rentre chez moi, il faut rendre les robes pour 7h du mat. J’habitais un 5eme sans ascenseur à l’époque, j’ai des kilos de robes dans ma voiture, il y en a pour des milliers de Francs (oui on était encore en franc). Le stress. Mon Relou m’aidera à monter les robes et se rendra chez Lacroix à 7h à ma place. Alors forcément, il était un peu soûlé ! Tout ça pour la gloriole. « Waouh tu bosses dans la mode, trop bien ! »
Puis j’ai commencé à bosser seule sur des pubs ou films. Cool ? Non pas vraiment. Il y avait même une boite de prod qui certes ne me payait pas trop mal mais sur note de frais (!!!). Il fallait que je leur rapporte en note de frais, l’équivalent de mon salaire. Forcément je n’allais pas générer des frais, juste pour être payée. Du coup, fallait que je mette à contribution toute ma famille pour qu’elle me refile des notes d’essence, de restos… La lose. Voilà tout est un peu comme ça dans ce milieu.
Pour me faire prêter des fringues pour les pubs ou les films, je devais faire des chèques de caution d’une valeur de dingue en priant pour que rien ne soit volé ou détérioré. Je n’avais pas de poste dans une rédac me permettant de pipoter aux attachés de presse pour sortir des fringues pour une soit disant série de mode (c’est ce que font toutes les stylistes lorsqu’elles ont des pubs).
Il fallait toujours monter des baratins pas possible pour ne pas se faire griller. À cette époque, très peu de boutiques proposaient le remboursement pur et simple, elles pratiquaient le système d’avoir « mais qu’est-ce que tu veux que je foute d’un avoir de 30.000 francs chez Tartanpion ? ». Bref…
Puis il y avait les demandes complètement loufoques « il nous faut un peignoir rose à pois jaune ». Trouver le tissu, la couturière, lui mettre la pression parce qu’évidement c’est pour avant-hier et finalement on n’utilise pas le truc. Sur les pubs, tout le monde fout son grain de sel sur le stylisme. Il y a l’annonceur et surtout l’agence de pub qui doit justifier ses émoluments en brassant beaucoup de vent et vient donc bien te faire ièche.
Pour les films, c’est presque pire puisqu’il faut composer avec les égos des comédiens et ça ce n’est pas rien. Je ne faisais pas du « costume » (du film d’époque) mais du contemporain, du coup, bah chacun y va de son avis et comme les budgets sont toujours serrés (ça faut savoir, c’est une constante, qu’il y ait de la tune ou pas de tune), alors on tape dans son dressing, dans le dressing des comédiens. C’est toujours un peu le système D. Et puis le réal te demande des tenues précises, que le comédien ne veut pas porter alors il te dit en douce « dis que t’as pas trouvé », ce que revient à faire l’aveu de ton incompétence juste pour lui faire plaisir (moi, je balançais, je m’en fous). Il y avait quand même des acteurs sympas et pas prise de tête, heureusement. Mais à ce stade, le job ne m’intéressait plus du tout. Trop de stress pour la jeune nana que j’étais.
D’ailleurs, comme tout ça s’est passé sur plusieurs années, j’ai entretemps pris la décision d’aller vraiment vers mon vrai rêve. Oui parce qu’en fait, la mode, j’ai toujours aimé ça mais ce n’était pas vraiment un rêve. Je n’ai jamais fantasmé devant les mannequins par exemple, je m’en foutais, moi ce que j’ai toujours aimé ce sont les fringues et plus je bossais dedans, moins je les voyais parce qu’en réalité j’aime les fringues pour moi, pour m’habiller moi. Je n’ai jamais rêvé de faire des vêtements, être designer ou je ne sais quoi. Non le vêtement pour moi est un costume.
Je vous raconte ça dans deux semaines…
4 réflexions au sujet de “Mon expérience dans la mode, suite et fin”
Merci pour ce partage virginie ! Plein de bises
J’ai l’impression de revivre toutes ces péripéties. Portant très lointaines…😜que de stresse tu avais…..
Il faut apprendre à apprécier tous les moments sinon on passe à côté de sa vie. Je le vivrai autrement aujourd’hui.
Merciiiii à toi !!!