illustration virginie

Mon expérience dans la mode, la suite…

Je vous raconte la suite du billet 17.

J’en étais au début de mon stage au magazine Femme alors que tout était “tout beau-tout nouveau”. À ce moment-là de l’histoire, il n’y avait pas trop d’enjeux, j’apprenais les rouages d’une rédac, j’observais, petit à petit je n’avais plus grand chose à faire, tout le monde se foutait un peu de ce que je fabriquais là, j’étais pistonnée par la boss, ça suffisait pour qu’on me laisse tranquille et de toute façon je n’étais pas payée. J’ai fait connaissance avec les diverses rédactrices free-lance et j’ai commencé à bosser avec elles sur des shootings. Je vous explique comment ça se passe. Une fois que le sujet a été défini entre la styliste et la rédactrice mode, vient le choix du photographe, du ou des mannequins. Il faut savoir que la presse féminine offre une vitrine à tous les intervenants, c’est en quelque sorte, un book qu’ils se constituent. Un photographe qui n’a pas de parution dans la presse n’est pas bankable, idem pour les mannequins et les stylistes. A ce titre, leurs tarifs sont au ras des pâquerettes mais c’est grâce à cette visibilité qu’ils seront bookés sur des campagnes publicitaires où cette fois, tout le monde sera très bien payé. Pour les stylistes, le double intérêt des parutions dans la presse est de pouvoir sortir via le magazine des fringues qui serviront également à leur campagne de pub. Sauf à être très très pote avec les attachés de presse, aucun bureau de presse ne souhaite te passer des fringues pour une pub pour le jambon Herta, par exemple.

Donc une fois que le sujet est fixé, tu pars faire le tour des bureaux de presse pour choisir les fringues. Ça s’appelle la séance shopping. C’est l’aspect le plus cool du job. Ensuite ils t’envoient ça au bureau, on fait les silhouettes et ensuite shooting. Sur un shooting, il y a du monde. Maquilleur, coiffeur, le photographe et ses 2 assistants, l’ingé lumière… Ça sort, ça rentre, faut faire gaffe à ne pas se faire chourer de trucs sinon c’est toi qui morfle. Je me souviens d’un shooting dans un grand hôtel parisien où la mannequin s’était fait tirer sa montre Rolex – branle-bas de combat, personne ne sort, l’angoisse. On ne l’a jamais retrouvée. En tant qu’assistante, tu te tapes à peu près toutes les tâches relous – s’occuper de l’organisation du dej, être l’ombre de la styliste si elle a besoin d’un truc, téléphoner en urgence à des bureaux de presse pour qu’ils t’envoient une centième paire de shoes – n’oubliez pas à l’époque il n’y avait pas de portable, si t’étais en extérieur fallait trouver une cabine téléphonique – faire les légendes, déballer, remballer, tout checker. En fait ça peut être très très cool comme ça peut être horrible, tout dépend de la nana avec qui tu travailles. Et des hystéros, j’en ai connu, surtout une, bien folle, qui me demandait de faire livrer des cartons de vin, qu’elle s’enfilait dès le matin. Qui voulait que je vienne chez elle pour lui apporter le shopping à 23h. Une espèce d’Anna Wintour dans le Diable s’habille en Prada. Une aigrie alcoolo sans mec – oui parce que y a beaucoup de meufs sans mec dans ce métier, forcément ce n’est pas sur ton lieu de travail que tu peux faire des rencontres, la majorité des mecs préférant les mecs et puis si t’es pas mannequin tu n’intéresses pas les photographes qui ont, dans leur grande majorité, fait ce métier pour pécho de la mannequin. Enfin, y ‘a quand même un mannequin mec qui m’avait sauté dessus dans les loges, il s’est pris un râteau.

Pour les shootings presse, c’est cool car tout le monde se met à ta dispo mais lorsqu’il s’agit de shooting ou tournage de pub, c’est une autre affaire. Déjà là y a tout le staff de l’annonceur qui est là, + agence de pub, tout le monde y va de son grain de sel, y’a toujours des trucs à aller chercher en catastrophe. Les studios de tournages sont souvent à l’extérieur de Paris donc tu passes ta journée à faire des allers retours en mode coursier. Tout ça dans une hystérie collective fort sympathique.

J’ai vite commencé à taffer aussi parce que j’avais l’avantage d’avoir une voiture, ce qui était plutôt rare pour une assistante (normal vu la précarité du job), donc ça, ça plaisait beaucoup aux rédactrices. À l’époque déjà, les budgets se réduisaient, fallait y aller mollo sur les notes de frais. Moins de taxi, de coursier. Les rédactrices se prenant pour des princesses, il fallait que j’aille les chercher chez elles – même si elles habitaient à l’opposé de chez moi – que je les ramène et même si il n’y avait pas de paquets à transporter. Lorsqu’on bossait pour de la pub, elles ne voulaient pas trop entamer leur budget donc je faisais office de coursier – Il y avait une grosse concentration de bureaux de presse dans le quartier Montorgueil, place des Victoires, quartier ingarable déjà à l’époque (d’ailleurs à ce moment-là je bossais beaucoup pour Madame Figaro qui était dans ce quartier également), il m’arrivait de tourner 1h avant de jeter l’éponge et de me garer sur une place de livraison. Je perdais mon salaire de la journée dans la prune (oui, à partir du moment où j’ai commencé les séries de mode, j’étais payée mais un salaire de misère; mieux lorsque j’étais sur des pubs). C’était l’enfer, j’étais toujours à la bourre partout et je commençais vraiment à déchanter.

Bon c’est encore trop long alors suite au prochain épisode comme on dit…

1 réflexion au sujet de « Mon expérience dans la mode, la suite… »

  1. Oh c’est passionnant de te lire !!! Vivement la suite !!! Merci pour ce partage de ces jeunes années. A la même époque j’étais à la fac et je rêvais en lisant les magasines et me dis que peut être tu étais derrière ces pages que j’adorais tant ❤️

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