Lorsqu’on se balade aujourd’hui dans la capitale, il y a comme un air… De pourriture ça c’est sûr (toutes les poubelles n’ont pas encore été ramassées), mais il y a autre chose… Il y a toujours autant de monde dans les rues, même beaucoup plus de monde vers la place de la Concorde (qui porte très mal son nom en ce moment). En revanche, ce qui est certain, c’est qu’il y en a beaucoup moins dans les magasins. Faut dire que la ville en est saturée. Je me demande toujours comment il est possible d’avoir une clientèle correspondante à chaque échoppe. L’ère de l’hyper-conso, dans une ville quasi dédiée à cela, aurait-elle fait son temps ?
Entre hyperinflation, crise politique, post-covid, tensions géopolitiques, l’heure n’est plus à la dépense, on l’a bien compris. Pourtant le secteur du luxe annonce chaque année des records de bénéfices toujours plus importants alors que les enseignes populaires tombent les unes après les autres.
Après Camaïeu et San Marina, ce sont Gap, Pimkie, André, Kookaï, Cop Copine qui se retrouvent sur la sellette du redressement judiciaire. On pourrait dire que le vent tourne, que ces petites marques ont fait leur temps, d’ailleurs je n’en suis pas consommatrice, mais cela ne révèle t-il pas un changement de cap profond ? Certes, ces marques n’ont pas su prendre le train de la modernité, elles n’avaient pas (plus) d’ADN propre, ratissaient large en voulant s’adresser à tout le monde sans vraiment s’adresser à quelqu’un. Leurs produits fabriqués à l’autre bout du monde ne rivalisaient pourtant pas avec ceux des mastodontes de la fast-fashion que sont le groupe Inditex (Zara) ou Hennes & Mauritz (H & M). Rien d’exemplaire donc. Pourtant elles étaient le visage des zones piétonnes françaises. Sans elles, outre la casse sociale, que vont devenir les centres-villes ?
Même des marques comme Roseanna ou Modetrotter qui ont la préférence des bobos dont je fais partie, on ne va pas se mentir, se retrouvent en difficulté.
Si la société de conso a fait son temps, elle aussi, il est urgent de réinventer un autre moyen pour préserver les centres de nos villes françaises afin de continuer à faire société. Parce que si nos loisirs se limitent à rester scotchés derrière nos écrans pour absolument tout (se cultiver / faire son shopping / faire du sport / voir des films), ce qui est déjà un peu le cas, nous allons vraiment vers un éclatement de la société (oui je sais, c’est déjà un peu le cas).
Bon, Martinie a bien une petite idée pour sauver le monde : des bars, des cafés, des bistrots, des cafés concert, des cafés dansant, des comedy-club et évidement des restos, le tout gratos. Tu vas voir si ça ne va pas régler tous les problèmes ça ! ah ah
À vrai dire, ça me déprimait totalement cette mondialisation. Partout dans le monde, l’hégémonie de ces mêmes enseignes à quelques différences culturelles près.
Le web et Instagram ont vu l’émergence de pas mal de marques qui ont réussi à prospérer sans avoir besoin d’un budget com de folie mais la réalité est que le marché est totalement saturé dans une période où le pouvoir d’achat est lui, totalement entravé.
Le nombre de fois où je me dis « elle ne sert à rien cette marque », en décodé, il n’y a pas de parti pris, c’est juste de la fringue pour la fringue, de celle qui use des matières premières pour finir à – 70% au fond d’un bac de soldes puis sur une île artificielle faite de tissus dans le Pacifique. À PLEURER.
Alors, même s’il est triste de penser à tous ces gens qui vont se retrouver au chômage, il y a sûrement un autre système à inventer. Moins de production, plus de qualité, plus de service. Je rêve de revoir fleurir dans nos centres-villes de petites échoppes multimarques, achalandées de belles pièces singulières produites en petites séries, qui exalteraient nos sens, redéfiniraient nos goûts sans glorifier « les marques », nous redonneraient le sens du bel ouvrage.
En fait, je rêve d’être une meuf des années 50 (t’as vu même les mots employés sont old school). Ah ah n’importe quoi ! Non je n’en sais rien, y‘a un monde à réinventer ça c’est sûr, mais ce ne sont pas les boomeuses comme moi qui vont le faire. Allez les (nos) filles, au travail ! Nous on va continuer à faire nawak ! Cricricri (rire jaune et je ne parle pas des Chinois hein)
2 réflexions au sujet de “Magasins en sursis”
C’est vrai que ces enseignes étaient l’incarnation de la rue commerçante des villes moyennes et mes amies qui vivent des ces villes et qui ne sont pas fashionista (elles s’habillent sans se soucier du look et de temps en temps s’achètent une robe pour l’occasion, forcément je les fais rire avec mon goût des beaux habits) sont clientes de ces enseignes. Et ne sont pas du tout cliente ecommerce contrairement à leurs filles. Je te rejoins sur le côté plus exclusif de certaines marques. Ces dernières attirent de plus en plus mon attention. Le ticket d’entrée est élevé et il faut même parfois être patient puisque la fabrication est sur commande (rose carmine par exemple). Mais finalement j’aime bien le concept. Pour les centres villes j’avoue apprécier de vivre dans un quartier de paris qui est surtout composé de commerce de proximité « comme avant ». Cela permet de ne pas avoir l’impression de se promener dans un centre commercial à ciel ouvert ! Restau, bar, primeurs, fromagers, bouchers fleuriste etc on a de la chance dans les grandes villes et particulièrement à paris de ce côté là. Pour les petites villes de province hélas le centre commercial de périphérie a encore de beaux jours devant lui …
Je crois que l’on entre vraiment dans un changement drastique de conso. Hier j’ai fait les friperies avec mon fils qui cherchait un truc, elles sont bondées de jeunes et les enseignes sont désertées. C’est vrai que l’on ne peut pas continuer à flinguer la planète pour des bouts de tissus qui finissent au rebut, ce n’est pas sérieux !