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Les émotions

Cette semaine j’ai le cœur lourd. Mon papa va rentrer en chimiothérapie, nous nous apprêtons donc à l’accompagner sur ce long chemin du combattant.

L’occasion d’aborder ici mon rapport aux émotions et la petite recette que j’ai élaborée au fil des ans pour les mettre à bonne distance.

Les émotions bonnes ou mauvaises, ce qui est certain c’est qu’il faut les accueillir. Ma recette ne consiste pas à être dans le déni. Je suis d’ailleurs du genre très réactive et gueularde. Ça sort aussi vite que ça passe. Exaltée la meuf !

L’humour est mon bouclier. On dit que c’est la politesse du désespoir, je ne crois pas être pessimiste à ce point mais avant tout j’aime à rire de moi-même. Je ne vais pas vous mentir, des autres aussi.

Je constate aussi que j’ai pas mal lâché prise au cours des années. La vie nous apprend qu’on ne peut pas tout avoir, que le temps ne peut pas toujours être au beau fixe alors il vaut mieux savoir danser entre les gouttes. Que nous ne pouvons agir à la place des autres, penser à la place des autres, que nous ne pouvons pas protéger nos enfants de tous les aléas de la vie, qu’ils doivent faire leur propre chemin. Il y a tellement de choses sur lesquelles nous n’avons aucune prise. Pourtant entre le lâché prise et la passivité, la nuance est ténue et je ne saurais exactement la comparer.

Mais la chose principale que j’ai laissée sur le bord de la route depuis longtemps, c’est la rumination. La rumination est malsaine, dans le sens où elle nous fait du mal et, le plus souvent, égocentrique. La meilleure façon de s’en débarrasser est de dire ce qu’on a à dire ou… Oublier. La plupart des choses qui nous blessent sont NOTRE problème puisqu’elles appuient précisément là où ça fait mal mais notre interlocuteur, la plupart du temps, n’en sait rien, il n’est pas dans notre tête. Il faut donc différencier une parole maladroite sans doute mais mal interprétée, à une parole délibérément blessante. Dans ce cas, il n’y a pas à ruminer, il faut couper les ponts. Le mépris ne peut s’accepter ni en famille ni entre amis ni avec personne, en fait.

Idem du côté de l’introspection. Chercher à comprendre nos mécanismes, nos petites névroses, nos petits blocages, nos comportements répétitifs c’est bien, se transformer en laborantin hystéro qui dissèque jusqu’à mettre en charpie l’objet de sa recherche c’est faire preuve de cruauté envers nous-mêmes. Si on peut changer quelques comportements qui ne nous conviennent pas au prix de quelques efforts, c’est compliqué d’agir sur notre patrimoine génétique. Penser que tout viendrait de l’acquis et non de l’inné, c’est une connerie. Que tous nos comportements prendraient leur source dans notre éducation, voilà encore une invention très freudienne tendant à culpabiliser les mères du monde entier (ben voyons, tout est toujours de la faute des reums).

Toutes les théories se valent à partir du moment où l’on y met toute notre force de persuasion. C’est facile d’échafauder des plans sur la comète, de fantasmer des malveillances. Notre mémoire est le tandem de nos émotions, elle n’est souvent qu’une projection de la vérité. Et puis de toute façon, comme il n’est pas possible de revenir sur le passé, mieux vaut agir sur le présent et faire en sorte de laisser partir les émotions négatives qui nous entravent. Rien n’est jamais figé, rien n’est écrit, il n’y a pas de fatalité. Vous aurez compris que je ne parle pas à la place de gens qui ont subi de gros traumas, parce que dans ce cas, on n’est pas dans le même espace-temps.

Tous ces dispositifs mis en place, n’empêchent pas les émotions positives ou négatives au moment où elles arrivent, comme je le disais plus haut. Mais grâce à eux, j’arrive à les relativiser, à rester dans l’instant présent, à ne pas regarder le haut de la montagne et à avancer step by step et surtout à me dire « la peur n’évite pas le danger », alors en attendant prenons ce qu’il y a à prendre !

Et vous, vous gérez comment vos émotions ?

12 réflexions au sujet de “Les émotions”

  1. “Se transformer en laborantin hystero” 🤣🤣🤣 c’est quand même bien répandu l’autodissection, moi ça me fatigue vite de m’analyser, j’ai arreté, le temps est bien trop precieux 😊
    Je dis souvent que l’humour est la politesse des pudiques et des sensibles (quand on n’est pas désespéré 😆), on en a déjà parlé 😉
    Des pensées, des bisous, des good vibes à tous ❤

  2. Quand je suis « tracassée », j’écris dans un carnet. Ça me permet le plus souvent d’y voir plus clair et soit de dédramatiser soit d’évacuer définitivement la source du problème !
    Et quand ça va mieux je jette les feuilles !

  3. Mes petits remèdes : Le recul, la tentative de relativiser, la tentative de rationaliser. J’ai surtout pris conscience il y a quelques temps que l’état général de fatigue peut faire prendre des proportions dramatiques a des événements qui sont finalement anodins. Et puis l’évitement : éviter de se faire mal naturellement comme par exemple ne plus fréquenter des personnes qui au fond ne sont pas positives, quitter des jobs des lieux où on ne se sent pas ou plus bien .. .et je te rejoins : arrêter de penser que l’on peut tout maîtriser tout contrôler

  4. Ah ah mais oui t’as raison, surtout qu’il n’y a rien à trouver, juste à creuser éternellement comme un chien chien. Nous ne sommes pas des bagnoles dont il suffit de changer les amortisseurs pour qu’elles fonctionnent , notre mécanique est plus à l’image d’un tableau de bord électronique auquel tu ne comprends rien, même en l’ouvrant…
    Oui je préfère cette version au désespoir ah ah
    bisous ma Doudou

  5. Ah oui ça c’est une très bonne façon de se décharger effectivement. Bah moi je vous écris du coup ! ah ah

  6. Oui tu as raison, la fatigue, l’irritabilité nous fait tout voir de manière négative. C’est bien pour ça qu’il faut prendre soin de soi pour pouvoir prendre soin des autres.

  7. Je m’en débrouille de mieux en mieux je trouve et heureusement car il y a quelques années je ne gérais pas bien mais pas bien du tout et du coup pénible la fille ; tout étant parti d’une situation que je ne pouvais pas gérer et que je ne peux toujours pas . La situation a peu évolué mais je relativise en évitant de me pourrir la vie … et celle de mes proches et je profite d’eux au mieux .
    Bon courage à vous

  8. Et puis bien sûr spéciales pensées pour ton papa 🙏🏻🙏🏻🙏🏻 Je le sais bien entouré par toi et toute ta famille ❤️

  9. Oui je vois bien, l’impuissance met la rage c’est vrai, mais l’âge adoucit aussi pas mal nos émotions. À entendre Relou, je suis toujours chiante mais c’est dans la forme parce qu’au fond ce n’est plus la tempête son mon crâne. En revanche je pense que le corps prend peut-être le relais. Je ne sais pas si les petits blocages divers et variés expriment ce qu’on refoule ou si c’est juste la vieillesse qui s’exprime !

  10. Mes pensées positives et combatttives également pour toi et ton papa par rapport à son traitement qui commence . de mon côté , je ne me projette plus négativement en me disant « cela va mal se passer » par exemple. je positive. Surtout que cela se passe souvent mieux que ce que l’on avait imaginé initialement (en négativant) . Je m’éloigne des personnes aux propos toxiques – la vie est déjà assez compliquée comme cela . Rien ne remplace les bons moments partagés et surtout de relativiser et de rire… un sourire échangé , du recul, de la bienveillance … cela fait du bien …

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