illustration virginie

Comfy

De plus en plus, la première revendication concernant un vêtement, c’est la nécessité d’y être à l’aise Blaise. Les codes de la féminité ont changé. Enfin pas dans tous les milieux. La génération Kardashian reste à fond dans les clichés de la poupée Barbie qui fait baver les mecs. Mais je ne vais pas revenir là-dessus, le sujet de mon billet d’humeur de la semaine passée l’évoquait déjà. On va dire que la majorité des femmes aujourd’hui n’ont plus envie de rentrer dans ces codes hypersexualisés et qu’elles préfèrent être bien dans leur basket plutôt qu’entravées dans des escarpins de 12. Un changement radical au regard de l’histoire. Est-il dû au combat féministe post 68, à la démocratisation des marques de prêt-à-porter dans les 70’s, à l’arrivée du sportwear dans la rue en même temps que le hip hop dans les 80’s, à l’imagerie du cool depuis le début du 21e siècle ?

Alors qu’il était encore interdit pour les femmes de se pointer au travail en pantalon dans les années 70’s, dans le secteur tertiaire – Ma mère m’a raconté qu’un jour d’hiver où il neigeait, son boss l’avait contraint malgré ça à retourner se changer. Le texte de loi interdisant aux femmes de se travestir en hommes (les préfectures pouvaient délivrer des dérogations en fonction du métier exercé), datait de 1800 et n’a été abrogé qu’en 2013, même s’il n’était plus respecté depuis longtemps. C’est fou non ?

On pourrait penser que ce besoin de confort est directement lié à nos vies hyper actives ? Bien sûr, pourtant la majorité des gens, hors grandes villes, va bosser en voiture, le télétravail est de plus en plus répandu. Si nous comparons dans l’histoire avec la dernière période de guerre que la France a connue, alors même qu’il manquait de tout, les femmes étaient coiffées, chapeautées, maquillées, ceinturées dans leur petit tailleur jupe. Les semelles de cuir étaient remplacées par du bois, de la corde. Elles se déplacaient à pied ou à vélo. La lessive ne se faisait pas en appuyant sur un bouton et pourtant elles étaient tirées à 4 épingles chaque jour.

Pour les générations nées à partir des années 70, ce n’est pas un sujet. Nous sommes la première génération voulue, gâtée, écoutée (je parle au niveau sociologique, je sais bien qu’il ne s’agit pas du lot de tous).
Nous avons toujours eu le choix, peut-être pas celui d’aller bosser en jogging et baskets mais pas loin. Il n’y a qu’à se poser à la terrasse d’un café et observer. Jeans / baskets / doudounes / Ugg / du mou, du duveteux, du rassurant.

Plus personne ne veut de contraintes, et pourtant les contraintes sont le terreau de toute civilisation. Si je trouve dommage ce laisser-aller global – depuis que mon relou a pris ses quartiers dans l’ex-chambre de mon fils devenu un bureau, il bosse certains jours en jogging, ce qui me fait hurler – malgré tout, je suis moi-même attirée par plus de confort vestimentaire. Je ne veux plus rentrer dans une paire de pompes dans lesquelles mes pieds n’en sortiront pas indemnes. Je ne veux pas être emmerdée par mes fringues, elles doivent suivre mon mouvement. Surtout que les propositions comfy mais stylées, il y en a partout. D’ailleurs c’est le nouvel eldorado des marques de luxe. Depuis qu’une nouvelle génération de designers se partage la direction artistique des grandes maisons, la culture de la street s’y est propagée progressivement pour finir par en changer radicalement les codes. Terminé les fringues coutures guindées, place aux sneakers à une blinde, aux doudounes à douze blindes et autres tee-shirts et sweats aux logos reconnaissables à plus de 500 mètres.
Les boss de la Silicon Valley sont en Patagonia, les cadres sup en Balenciaga au même titre que les mecs de la téci. Ce ne sont plus seulement les codes vestimentaires que l’on cherche à faire bouger mais les classes sociales avec. Le fameux jeu des apparences. Si l’habit fait le moine, il ne suffit pas à faire disparaître les inégalités sociales.

6 réflexions au sujet de “Comfy”

  1. Oui tu as raison sur la tendance lourde du confort avant tout. Pour autant je ne peux m’empêcher de penser qu’il est bon et agréable d’être un peu soigné(e). C’est comme une jolie table, on peut faire avec assiettes dépareillées et sopalin en guise de serviette mais je trouve qu’une table de fête contribue à faire honneur aux invités. Je trouve que s’habiller pour soi bien sûr au premier chef mais aussi pour les autres relèvent d’une forme de courtoisie (je n’ai pas d’autre mot qui me vient) ou d’une volonté de montrer à l’autre que l’on a fait un effort pour lui.d’ailleurs une jeune collaboratrice qui vient de partir de ma boîte m’a spécifiquement remerciée pour mes looks quotidiens qui lui donnaient des choses jolies à voir tous les matins. ☺️☺️

  2. Oui dans les années 70/80 nous avions le sac et les chaussures à la couleur assortie Nous n’aurions jamais pu aller au bureau en jeans et baskets les femmes étaient élégantes de tout milieu social Être à l’aise dans ses vêtements j’adhère complètement. Mais pas de négligé jeans troué et top ventre à l’air non .

  3. Alors moi je dis oui au confort surtout de mes pieds 🤣 avec de belles matières et de beaux coloris c’est tout de suite plus élégant , mon fils me disait dernièrement que les couleurs disparaissent de notre monde où le gris et le noir prennent le dessus( comme souvent aussi ds les films que je trouve de plus en plus sombres pour la plupart ). Comme Emilie j’apprécie de voir des gens qui ont tout de même fait un effort vestimentaire ce qui n’est pas incompatible avec le confort , mais qui devient rare dans les rues !

  4. Je suis parfaitement d’accord avec toi. Le confort oui mais quand il est stylé. Je déteste le laisser-aller ambiant, du genre “je vous emmerde”.Le respect de soi c’est le respect de l’autre.

  5. Le jean troué si c’est dans une démarche fashion étudiée ça peut passer, tout peut passer lorsque l’on sent qu’il y a de l’attention à se présenter au monde.

  6. Tu m’étonnes, les pieds c’est un vrai sujet à part entière et un vrai problème à la quincaille on dirait. Je suis parfaitement d’accord avec toi, on peut être comfy et stylé mais NON au laisser-aller qui reflète d’un gens-foutisme caractérisé.

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