Scenes from a Marriage

Je viens de terminer “Scenes from a Marriage”, une série HBO que l’on peut retrouver sur Amazon Prime ou MyCanal. Un huis clos très intime et bavard sur l’anatomie d’un couple, remake de la série du même nom de 1973 d’Ingmar Bergman. Jessica Chastain et Oscar Isaac y sont formidables de justesse et irrésistibles de beauté. C’est assez malaisant, pour la bonne et simple raison que quel que soit là où on en est dans son couple, ça vient appuyer sur des problématiques qui je pense, sont assez universelles. En d’autres termes, ça remue.

Comment trouver sa place dans le couple, comment s’y épanouir, comment garder la flamme ? Doit-on toujours la jouer collectif ou bien est-ce nécessaire d’être un peu égoïste ?

Nous allons fêter nos 34 ans de mariage vendredi, ce n’est pas rien. Je ne sais pas si ça me donne plus de légitimité pour parler de ça ? Chaque couple a sa propre intimité, il n’y a aucune recette miracle à part peut-être une bonne communication. Mais qu’est-ce qu’une bonne communication ? Chez nous, il y a peu de filtres et ce n’est pas toujours efficient dans la forme. Lâcher tout et n’importe quoi quand ça nous passe par la tête c’est souvent un peu too much. Heureusement que nous ne sommes susceptibles ni l’un ni l’autre.

En revanche, j’ai pris conscience assez tôt lors d’épisodes down, que la plupart du temps, ce n’était pas le couple qui dysfonctionnait mais moi avec moi-même ou lui avec lui-même. Notre couple n’étant pas le problème des maux de chacun. Il est facile de transposer ses frustrations, ses colères, ses ressentiments, ses peurs sur l’autre alors même qu’il n’y est pas pour grand-chose. Je crois que c’est cette perception qui permet de laisser passer l’orage.

Il faut savoir bien sûr faire preuve d’abnégation, il est évident que nous subissons d’un côté comme de l’autre (les humeurs, la mauvaise foi, …). Il faut toujours être deux pour que ça disjoncte (je sais que ça n’est pas toujours aussi simple, les faits divers en attestent).

Et puis bien sûr en premier lieu, il y a l’amour qui lie les êtres, la famille que l’on s’est construite, l’admiration que l’on a l’un pour l’autre. Pourquoi est-ce que, parfois, les fondations de cet amour s’écroulent ? Parce que l’on voit l’autre sous un jour différent, que l’on ne lui prête plus les mêmes vertus ? Parce que la résignation a pris la place des aspirations ?

Nous nous construisons sans doute un peu trop dans le fantasme du Prince Charmant alors, forcément, le désenchantement finit toujours par arriver. On peut dire ce qu’on veut (et je vais peut-être vous faire hurler) mais les femmes aiment les hommes forts sur lesquels il est possible de se reposer, sur lesquels on peut compter quoi qu’il arrive, non ? Un Jamie Fraser quoi ! (celles qui savent savent). Or, les hommes sont fragiles, parfois plus fragiles que les femmes – en partie à cause des stéréotypes véhiculés depuis toujours, qui sont certes en train de changer mais à petits pas – et lorsqu’ils ne se comportent pas comme des connards en surjouant leur masculinité (ce qui est la marque d’une certaine faiblesse à n’en pas douter), ils sont dans la même vulnérabilité que nous.

Je pense qu’il est impossible de faire perdurer son couple sans en passer par là, sans ces questionnements. Prendre conscience des failles de l’autre, même si elles nous mettent en rogne, c’est aussi ce qui nous fait grandir. L’autre ne doit pas servir à combler tous nos manques, il nous faut les apprivoiser seule, à partir de là nous pouvons vivre dans un respect mutuel et dans une harmonie toute relative ah ah. 34 ans, punaise !!! Cœur avec les doigts mon Relou.