illustration virginie

Renaissance

Nous sommes déjà mi-octobre et pourtant je n’ai pas encore réellement l’impression d’être entrée de plain-pied dans la saison. La douceur des températures explique cela vous me direz, mais d’autres raisons en sont la cause également… 

Je me souviens qu’enfant, adolescente, jeune adulte et encore il y a quelques années, j’éprouvais une excitation non dissimulée à l’approche du mois de septembre. La promesse d’un changement, de nouveautés, de nouvelles habitudes, de projets. Bien plus qu’à la nouvelle année, qui n’est finalement que la continuité de celle d’avant, le long tunnel des festivités n’étant pas un catalyseur de bonnes énergies mais plutôt un poison se diffusant tranquillement dans ton sang, débouchant sur un fatras de bonnes résolutions le plus souvent en lien avec ta conso d’alcool et de gras (rapport au gavage des jours précédents), ta pratique sportive (à augmenter ou à commencer tout court) et des têtes à couper dans ta millefa (rapport au réveillon de Noël où il y a obligatoirement un oncle, une tante, un cousin qui t’a soûlée même si ça, tu sais très bien le faire toute seule). Il n’est donc question ici d’aucun renouveau et évidemment ces résolutions-là s’envoleront dès le prochain apéro. Alors que la rentrée ça a quand même une autre gueule ! C’est autre chose, comme shot d’adrénaline. Déjà parce que tu y as pensé tout l’été. L’été est propice à la rêverie, alanguie sur le sable, tu imagines la nouvelle meuf que tu seras à la rentrée. 

Mais en réalité, on ne va pas se mentir, cette excitation est en corrélation directe avec le fantasme de nouvelles fringues. Parce que si t’es une nouvelle meuf, il faut forcément que tu aies de nouvelles fringues non ? Et j’ai ce souvenir de quête d’une nouvelle panoplie de super-héroïne à chaque rentrée depuis toujours. Je pouvais prendre la tête à mes parents (à ma mère surtout), des jours, des semaines pour arriver à mes fins. Je faisais mes petits comptes d’apothicaire pour faire pencher la balance. Par la suite, je me suis vite démerdée pour trouver des petits jobs afin de me payer mes fringues. Ces fringues qui symbolisaient à elles seules cette assurance de wineuse. D’ailleurs ne dit-on pas qu’on se glisse dans un rôle comme dans un vêtement ? 

Le temps a passé et ce truc était toujours là, je préparais ma rentrée fashion dès les soldes précédentes, comme un plaisir coupable. Checker les tendances à venir lors des fashion weeks précédentes (des fois que tu sois en rade de hype), lister, se hâter dans les boutiques pour visionner les nouvelles co à peine sorties, compulser les magazines. Dites-moi que vous faisiez ça aussi ! 

Puis est venu le temps du développement de l’e-commerce, d’Instagram… En un clic, un scroll, sur ton canap, cet univers s’est démultiplié, est devenu une pieuvre tentaculaire, dès lors de la sape, tu peux en bouffer toute la journée si tu veux (et la meuf se lance dans un contenu mode payant – folle qu’elle est). 

Je peux mesurer exactement l’effet que ça a eu sur moi à ce moment-là, un effet de baume apaisant. Cette surinformation, cet afflux d’images a calmé mes ardeurs. Cela m’a renvoyé un reflet peu flatteur de toquées de la sape, de surconso détraquée. Je ne suis pas devenue ascétique pour autant mais ça m’a fait prendre conscience de ce qui relève de la névrose et de ce qui relève du plaisir. 

Aujourd’hui je crois être arrivée à ce degré de sagesse (Martinie se marre), moins impatient, moins capricieux que par le passé. Je ne trépigne plus, je laisse infuser, je prends mon temps, je liste, je budgète, j’attends les soldes. Y’en a plus, y’aura autre chose, ce n’est pas grave. Je n’ai plus besoin de mon uniforme de rentrée des classes, je n’ai plus besoin de jouer un nouveau rôle, plus besoin d’être la prem’s. 

C’est ainsi que j’ai passé le mois de septembre en fringues d’été, et que là j’en suis à retrouver des associations automnales avec ce qui est déjà présent dans mon dressing et quelques nouveautés quand même. Généralement je craque en premier pour les pompes. Parce qu’elles donnent le LA de la saison et qu’elles embarquent de façon assez radicale tes fringues dans un nouveau mood. À la condition de ne pas acheter toujours le même genre de pompes ! Et puis de septembre à avril, grosso modo, elles seront bien amorties, contrairement à une sape portée moins fréquemment. 

Bref, je n’anticipe plus sur les mois à venir. Ce qui compte avant tout ce n’est pas LA sape, c’est le stylisme. On peut se renouveler sans forcément avoir la panoplie de la saison. Parce qu’en vrai, la rentrée, ce n’est jamais que la continuité du reste de ta vie. 

C’est vraiment l’esprit dans lequel je vais aborder ce nouveau cycle ici. 

PS : Le cahier de style numéro 2 sera en ligne vendredi !    

10 réflexions au sujet de “Renaissance”

  1. Mais tellement !!! C’est vrai que là je sature dès live and co, et les filles qui ont une panoplie entièrement neuve tous les 4 matins et bien ça m’a fait comme toi. C’est comme les wishlist sur les eshop qui au final .. restent à l ´état de wishlist ! En revanche, je suis à nouveau recentrée sur les belles matières les belles coupes. D’ailleurs depuis que j’ai touché en vrai l’es pull de Alexandra Golovanoff je rêve pour le coup de m’en offrir un .. bisous ma copine

  2. C’est vrai qu’à partir du moment où tu ne regardes pas les réseaux, tu es moins tentée. Inconsciemment ça fait toujours plus mal au cul de dépenser de la tune dans les magasins alors que sur internet c’est tellement impersonnel et impalpable… et les colis n’arrivent pas 😜

    J’ai racheté pas mal de basiques cette rentrée car un peu marre de la surcharge d’infos … des pulls unis mais jolies couleurs etc. Mais j’ai quand même toujours un peu de mal à assortir les choses même si j’ai trois tonnes de fringues. Les vieilles habitudes du « si c’est trop sobre c’est chiant » 🥰

  3. Oh oui je te rassure je l’ai été aussi cette femme que tu décris 😂 et maintenant je veux surtout du confort (coupes, matières, talons) sans sacrifier le style pour autant mais en laissant infuser les tendances que je peux m’approprier sans me casser les dents , enfin j’espère.

  4. Dans mon Sud il fait encore et toujours chaud, mais plus au point d’être toujours à oilpé ( j’exagère un brin ) comme en été. Donc je porte maintenant ce que je n’ai pas pour ainsi dire pas pu porter au printemps puisque l’été a démarré en mai. Pour autant ça ne m’a pas empêché d’essayer des bottes au mois d’août avec 40 degrés à l’ombre 😅

  5. Les looks de mi-saison sont mes préférés. Le stylisme est plus intéressant – Shopper hors saison c’est aussi l’occas de faire des bonnes affaires !

  6. Ouais il faut un peu se faire violence pour adopter le less is more. Surtout toi qui a du mal à faire des choix – ah ah

  7. L’effet de masse donne ce sentiment de saturation. Mieux vaut se focaliser sur le stylisme que sur l’achat de nouveautés en permanence

  8. Tu n’es pas seule. Depuis quelques mois j’ai des envies de shopping… Mais avant tout- je me sens bien dans mes vêtements – selon ma tête du matin. Y’a des moments où rien ne va . A force j’ai un peu de tout dans mon dressing et j’ai plaisir à retrouver des pièces anciennes que je mixe. Avant tout la mode me permets de me sentir bien . Je poste car j’ai juste envie de partager mes bricolages du moment . Juste pour le plaisir. Mais du coup tout le monde voit tes nouveaux achats…

  9. C’est un sentiment qui a l’air assez partagé, cette consommation plus raisonnée. Je ne parle pas de la jeune génération très connectée qui se gave de fast fashion. Heureusement ils ne sont pas tous comme ça.

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